Sous la conduite de Jean-Pierre Alvarez (interprète, assistant de Dominique Bagouet et un des membres fondateurs des Carnets Bagouet) les élèves danseur·euse·s de Cycle II et III du Conservatoire de Dijon reprennent Jours étranges. Sur fond de chansons des Doors, issues de l'album Strange Days, la pièce met en scène le désarroi d’une adolescence en quête de ses propres valeurs et de révoltes contre les normes et les codes établis. Entre les deux représentations Laurent Pichaud, artiste associé du Dancing propose une discussion/échange sur ce qu’induisent l’interprétation d’une écriture et l’actualisation d’une œuvre.
Note d'intention de Dominique Bagouet (juillet 1990)
En 1967, Maria, une jeune américaine élève comme moi au Centre International de Danse de Rosella Hightower, ramenait dans ses bagages de vacances familiales le tout nouveau et deuxième album d’un groupe alors presque inconnu en France, « The Doors ». Je me souviens de ces soirées à tendance « beatnik » bercées par la voix chaude de Jim Morrison, le climat de ces « strange days » correspondait parfaitement au désarroi de notre adolescence qui cherchait alors, dans ce qui est devenu une sorte de mythologie, ses propres valeurs et vivait aussi d'obscurs désirs mal définis de révolte contre les normes et les codes établis. En réécoutant ce disque il y a quelques mois, je me suis senti prêt à affronter cette page de mon passé ; peut-être parce qu’elle est devenue déjà un peu floue et qu’ainsi cette musique, pour laquelle finalement je n’ai que peu d’opinions sinon qu’affectivement elle me bouleverse à chaque fois, me permet de renouer avec un état qui n’est pas si éloigné de celui d’aujourd’hui où la remise en question, la quête d’aventures, se heurtent encore à de nouvelles conventions, des systèmes qui redeviennent pesants et qu’il semble urgent de secouer. Alors avec cette pièce, disons qu’on essaie donc de commencer à « secouer ».
Note d'intention de Jean-Pierre Alvarez
Les élèves danseurs de cycle III contemporain, classique et jazz ont été rassemblées en un groupe pour cette reprise et adaptation d’extraits de Jours étranges. Nous avons travaillé sur trois cessions. Le montage réalisé spécialement pour cette transmission a été accompagné entre les sessions par leurs professeurs Estelle De Montalembert et Patricia De Anna, afin d’apprivoiser le mouvement et affiner l’interprétation des différentes natures de danse que recèle Jours étranges. L’échange a lieu entre les jeunes élèves interprètes et une danse qui a le double de leur âge. Ainsi, nous parions encore sur la révélation d’une écriture par l’interprétation des danseurs. Nous parions aussi sur la révélation des danseurs par l’interprétation d’une écriture.