La danse de Sofian Jouini prend ses racines dans le breakdance pour s'étendre aux vents d’une identité multiple. Héritier de culture nord africaine et française, c’est dans une culture afro-anglo-saxonne, le hip-hop, qu’il choisit d’installer son premier campement philosophique, ses premières perspectives créatrices. Au fil du temps, il dérive, cette identité marquée ne sera désormais ni exclusive ni réductrice. Il est ceci, mais pas que. Il tend à se dissoudre, à échapper aux assignations. Sa pratique s’enrichit d’écriture, de parole, de mimétisme animal et de culture scientifique. L’anatomie, la fiction, la mémoire cellulaire, la spiritualité, la gastronomie, l’agriculture. Il traverse les couches sédimentaires des sujets qui l’animent et en fait des monticules gracieux et fantaisistes.
Ses œuvres s’adressent non seulement à l’intellect et aux imaginaires des personnes présentes mais aussi à leurs corps par des dispositifs scéniques et des propositions d’assises originales. Il n’y a pas de dissociation nature/culture. Enfin, il n’y en a plus.
Fruit de complicités bâties au fil du temps, son travail enjambe constamment la Méditerranée, les sujets qu’il aborde sont mis en discussion entre ces deux conceptions complémentaires de la réalité, alors il les explore de part et d’autre,
cherchant constamment la paralliax, le shift, la faille. NATURES et JEDEYA, ses deux soli, poursuivent une même ligne, celle du décentrement de l’individu, ici dans la mémoire plurimillénaire du corps, là dans une mémoire filiale, transgénérationnelle et transgenre. Il ne crée pas à proprement parler, il est créé et transformé par son cheminement, et pareils à des balises, émergent des objets, des pièces, des spectacles.
Sofan Jouini est artiste associé au Collectif FAIR-E / CCN de Rennes et de Bretagne.